L’Ordalie
Le travail de Jacques Rouby est une œuvre titanesque marquée par une nécessité vitale de destruction et de métamorphose. Fasciné par la transformation naturelle et la décomposition, Rouby torturait les matériaux avec le temps, l'oxydation et la corrosion, jusqu'à ce que ses œuvres atteignent une sorte de sacralité. Même après avoir perdu son atelier en 2007, il n'a cessé de recycler et de recréer à partir de la destruction.
Son atelier était un lieu fascinant, rempli de masques, moulages et cartons peints, tous soumis à des épreuves extrêmes qui les marquaient de manière unique. Grâce à Geneviève Bonnefoi et Michel Rouby, ses œuvres ont été préservées et exposées, notamment lors de l'exposition de 2008 à l'abbaye de Beaulieu.
L'exposition « Cartons Sculptés & Autres Oeuvres » de janvier 2015 à Paris met en avant ses cartons peints et sculptés, des pièces maîtresses d'une œuvre riche et profondément inspirée, témoignant de la puissance créatrice et destructrice de Jacques Rouby.
Isabelle Floc’h.
La Ralentie présente sa deuxième exposition honorant les lauréats du concours 2014 « Rêver peut-être », qui se distingue par une diversité d'interprétations du thème.
Marie Boralevi, prix de la Ralentie, nous plonge dans un univers onirique et métamorphique, où ses visions sauvages et intuitives repoussent les limites du temps et de l'espace, offrant une galerie de personnages mi-humains, mi-animaux empreints de poésie.
Saito Mitsuaki, lauréat du prix du Jury, explore la couleur avec audace, juxtaposant des teintes vives pour créer des formes fluides et changeantes, comme cette Geisha née d'une goutte suspendue. Son travail, libéré de la figuration, joue avec le hasard pour révéler des images élégantes et joyeuses.
Véronique Chanel, prix du public, propose une rêverie douce et subtile, où des figures d'enfants et d'anges apparaissent dans des aplats de couleur translucides, oscillant entre rêve et réalité. Ses œuvres évoquent une grâce fragile, mêlée d'une étrange maturité, capturant l'essence de l'onirisme avec une technique délicate.
Isabelle Floc’h,
Février 2015
DU DÉSIR
Valentina Chambrin grave et peint avec un geste libre et fluide, explorant l'inconnu d'un rêve. Ses œuvres capturent un corps féminin, profilé et fixé, qui semble émerger d'une quête silencieuse et inachevée. Chambrin maîtrise le passage entre figuration et abstraction, où les images se forment sans violence, glissant subtilement d'un sujet à l'autre.
Elle explore les frontières entre l'intime et l'extérieur, entre le corps et l'immensité du monde, créant des œuvres où la peau devient une surface de rêve. Ses gravures et peintures, empreintes de désir, nous invitent à un voyage intérieur, révélant que nos plus beaux voyages pourraient être ceux du dedans.
Le travail de Chambrin est une exploration du désir et de l'absence, où chaque trait, chaque bord délimite l'espace entre le connu et l'inconnu, entre le tangible et le rêve. Ses œuvres vibrent d'une tension subtile, nous rappelant la complexité et la beauté des voyages intérieurs.
Isabelle Floc’h
Entrez dans l'univers de Sabrina Biancuzzi, où l'inconscient devient une chambre noire d'où surgissent des créatures étranges et fascinantes. Ses œuvres puisent dans une enfance hantée par des ogres et des fées, exorcisant ces visions à travers un bestiaire à la fois gracieux et cruel. Biancuzzi explore les profondeurs de l'inquiétante étrangeté, ramenant à la surface ce qui ne devrait pas être vu, ce qui nous inquiète et nous fascine.
Ses images nous rappellent que nos peurs et nos désirs cachés, bien que refoulés, sont toujours présents, prêts à ressurgir. Elles transforment nos angoisses en une sorte de rêve-cauchemar palpable, exposé sur les murs pour nous délivrer de ce qui hante nos esprits.
Le talent de Biancuzzi réside dans sa capacité à ressusciter l'émoi de l'enfance et à sublimer ces peurs profondes en œuvres d'art, révélant la fine frontière entre rêve et cauchemar. Ses images nous traduisent, exprimant avec vérité nos angoisses enfouies et offrant une catharsis visuelle saisissante.
Isabelle Floc'h
Juillet 2015
La galerie accueille Geneviève Crouzet et Pierre Cambon pour l’exposition « Corps sensibles ». La sculpture et l’héliogravure, univers plastiques si différents, se croisent ici, alliage de la gravité et de la grâce, dans un émouvant pas de deux. De la sensualité élancée des sculptures, à l’érotisation mystèrieuse, fragile et troublante des photos, le corps s’invite en majesté.
Isabelle Floc'h